Historique
Les Maîtres d’Art et leurs Elèves, des métiers d’exception
Etienne Vatelot - Président d’honneur de l’Assocation des Maîtres d’Art
Les Maîtres d’Art de France, à l’instar des Trésors vivants du Japon, sont porteurs d’une culture vivante et harmonieuse, qu’on appelle parfois le patrimoine immatériel, qu’ils s’ingénient à parfaire et à transmettre en l’enrichissant sans cesse. L’esprit toujours en éveil, confronté aux exigences de la matière et de l’art.
Les métiers d’art sont un des laboratoires du futur. Dans leurs ateliers les quelques trente mille artisans d’art français s’ingénient à restaurer, reproduire, réparer et créer les objets d’art.
Les restaurations des tableaux du Louvre ou du dôme des Invalides, les statues du Jardin des Tuileries ou les broderies des collections de haute couture et vitraux de la cathédrale de Chartres…
Le travail des Maîtres d’Art est partout dans notre vie quotidienne.
Les œuvres des Maîtres d’Art sont quelquefois anonymes ; ceux-ci s’effacent souvent derrière l’artiste et pourtant, sans eux, rien de ce qui charme notre regard ne serait possible. C’est pour mettre en lumière le talent des artisans de l’art que le titre de Maître d’Art a été créé ; c’est également pour rappeler que les éléments et signes de notre culture, musée, monuments, musique, livre, théâtre, sont aussi les résultats de savoir-faire exceptionnels. Chaque œuvre, qu’elle soit liée à la restauration du patrimoine où a la création contemporaine est souvent unique ; elle mobilise une incomparable compétence technique alliée à une capacité d’intervention sans cesse sollicitée. Les Maîtres d’Art, à l’instar des Trésors Nationaux Vivants du Japon, sont porteurs d’une culture vivante et harmonieuse, qu’on appelle parfois le patrimoine immatériel, qu’ils s’ingénient à parfaire et à transmettre en l’enrichissant sans cesse.
Quoi de plus naturel que de voir tant de jeunes attirés par cette formule originale et équilibrée de mode de vie : exercer un métier passionnant dans un cadre convivial, maintenant l’esprit toujours en éveil et confronté aux exigences de la matière et de l’art ?
Malgré la fragilité de ces métiers et la dureté des temps, les Maîtres d’Art montrent le chemin de l’avenir.
L’Association des Maîtres d'Art - Préface
Frédéric MITTERAND - ministère de la Culture et de la Communication
« Maître d'art » : le ministère de la Culture et de la Communication décerne ce titre magnifique à vie, à la fois pour honorer des professionnels dépositaires d’un savoir-faire unique, mais aussi pour les encourager à former les compagnons et artisans d’art du XXIe siècle. Ce sont aujourd'hui quatre-vingt artisans d'excellence qui transmettent leurs connaissances, leurs techniques et surtout leur passion à une nouvelle génération. Ils permettent ainsi à cette intelligence de la main de se peerpétuer et de se renouveler, et à une véritable école hors les murs de s’épanouir.
Les Maîtres d'art enrichissent de leur pratique et de leurs regards tous les champs de la vie artistique, des arts plastiques au patrimoine monumental, en passant par le livre, le théâtre, l’opéra ou la facture instrumentale. Nombre de leurs réalisations sont ainsi le fruit de collaborations avec les plus grands artistes contemporains, plasticiens, designers, créateurs de mode, ou personnalités du monde du spectacle, avec lesquels ils ne cessent de dialoguer.
Ces affinités électives sont illustrées par de magnifiques rencontres et cristallisées dans des œuvres d’une richesse exceptionnelle. Je pense aux vitraux de Pierre Soulages à la basilique de Conques, réalisés par le peintre verrier Jean-Dominique Fleury. Je pense aux livres d'artistes confectionnés par le sérigraphe Alain Buyse à partir d’œuvres de Niki de Saint Phalle, François Bouillon et Paul-Armand Gette, ou encore aux clavecins de Reinhard von Nagel décorés par Marc Chagall, Olivier Debré, Pierre Alechinsky et Jiri Kolar. Je pense aussi à la création joaillère de Christian Adrien pour la Maison Cartier, aux costumes de scène réalisés par Danièle Boutard à l’intention de Patrice Chéreau, de Jean-Paul Rappeneau et de Christian Lacroix, ou encore aux masques d'Erhard Stiefel destinés aux scènes de théâtre et d'opéra. Toutes ces créations, parmi tant d’autres, manifestent de façon éclatante l’incomparable présence des Maîtres d'art dans la vie artistique contemporaine, et leur capacité d’ouverture et de réinvention.
Une étroite collaboration institutionnelle est bien évidemment indispensable entre l’Association des Maîtres d’art et le ministère de la Culture et de la Communication, tant pour assurer la promotion et la valorisation de ces métiers, que pour réfléchir en commun aux aides dont ont besoin ceux qui les exercent, en particulier pour développer leurs ateliers et contribuer à l’installation de leurs élèves. C’est dans cet esprit que nous avons créé, en avril 2010, l’Institut national des métiers d’art (INMA), en partenariat avec le ministère chargé de l’Artisanat. Car c’est au croisement de nos deux ministères et de leurs logiques complémentaires que se situent ces métiers.
Artisans exemplaires et porteurs de valeurs fondamentales, les Maîtres d'art constituent un inestimable patrimoine immatériel et humain. Ils forment un lien essentiel entre notre présent, notre mémoire intime et collective, et les nouveaux horizons qui s’ouvrent à nous. C’est pourquoi je tiens à leur accorder mon attention la plus vigilante et le plein soutien de mon ministère.
Intelligence de la main
Renaud Donnedieu de Vabres Ministre de la Culture et de la Communication
Que de chemin parcouru depuis 1994 et les premières nominations des Maîtres d’Art par le Ministre de la Culture, inspirées par les Trésors nationaux vivants du Japon ! Oui, nos Maîtres d’Art sont bien nos Trésors nationaux vivants, dont la richesse et la rareté résident dans leurs mains mêmes, ces mains qui détiennent des savoir-faire d’excellence, une habileté exceptionnelle et, pour reprendre la belle expression de Liliane Bettencourt, qui œuvre pour leur promotion, une « intelligence » extraordinaire. Comme les Trésors nationaux japonais, nos Maîtres d’Art sont investis d’une mission : veiller à la transmission de cet héritage inestimable, au renouvellement, à la réinvention permanente de leurs techniques.
Je suis très attentif à la préservation de ces métiers d’exception, des métiers qui portent haut, dans le monde entier, la beauté, la qualité et l’excellence qui ont fait, et continuent de faire le prestige des arts et du savoir-vivre français. Je crois en leur valeur, précieuse, essentielle, parce que je crois profondément à l’amour du travail bien fait, à la patience, à l’exception et à l’unique, dans un siècle qui tend à l’uniformité et au zapping, dans un monde qui privilégie le jetable et l’industriel. Vous avez en ce sens une responsabilité immense, celle de transmettre ce goût du rare et de l’effort pour y parvenir, cet amour du geste et de ce temps long qui est celui de la véritable création. Qu’est-ce que l’art, si ce n’est, comme le disait Georges Duby, une « […] habilité dans la mise en œuvre des pratiques par quoi l’homme assure sa prise sur le monde » ? Et qu’est-ce qu’un maître, si ce n’est celui qui ouvre les regards sur ce monde et enseigne cette habileté ?
Oui, les métiers d’art sont l’une de nos plus grandes richesses, et il nous appartient de les transmettre, de les préserver, et de porter la lumière sur ces maîtres qui sont de véritables créateurs, et dont les œuvres rayonnent en France comme à l’étranger. Nous devons soutenir tous les professionnels qui relèvent des défis dans leurs entreprises, qui s’intéressent à la recherche, expérimentent des nouveaux matériaux ou de nouvelles technologies, pour trouver des applications novatrices.
C’est pourquoi je me félicite que soient nommés quatre chefs d’atelier d’entreprises du luxe membres du Comité Colbert, qui regroupe 70 entreprises françaises prestigieuses. Je tiens à saluer chaleureusement l’engagement des personnes qui font le renom de ces grandes maisons.
Les entreprises du luxe sont de véritables ambassadrices pour l’ensemble des maîtres d’art qui constituent une « compagnie » prestigieuse, mais qui doit sortir de la confidentialité. Elles sont aussi des entreprises au cœur de la cité, soucieuses de former des jeunes talents pour pérenniser leurs techniques, pour faire vivre leurs ateliers exceptionnels.
Je vous invite à poursuivre, vous aussi, votre quête de la beauté en sachant qu’elle n’est pas acquise pour toujours, mais qu’elle est, particulièrement dans vos métiers, un pari sur l’avenir.
A tous, je souhaite redire notre reconnaissance et notre admiration, et rappeler que la France peut s’enorgueillir de vos talents.
Talents d’exception
Jean-Jacques Aillagon Ministre de la culture et de la communication
Leurs talents uniques allient tradition et création, amour de la matière et virtuosité du geste, intelligence de l’œil et de la main.
Savoir-faire d’exception
Catherine TASCA Ministre de la Culture et de la Communication
Assurer la préservation, la valorisation et la transmission des savoir faire d’excellence indispensables pour la conservation du patrimoine comme pour la création contemporaine, tel est l’objectif de la nomination des Maîtres d’Art.
En effet le titre de Maître d’Art témoigne à la fois d’une exceptionnel maîtrise de la technique et de l’exercice d’un magistère de formation.
Valorisation du Savoir-faire
Jacques TOUBON Ministre de la Culture
Pour valoriser les professionnels des métiers d’art détenteurs d’un savoir-faire rare et pour préserver les techniques d’excellence est créé le titre de "Maître d’art", décerné à vie, par arrêté ministériel du 16 mars 1994 - modifié le 3 octobre 1994.